Quelle foire ! Difficile de s’y retrouver dans toutes ces offres : magasins de proximité, supermarchés, hypermarchés, internet, cavistes…
Tous les ans c’est le parcours du combattant. Est-ce que je vais faire de bonnes affaires, est-ce que je vais enfin accéder à des vins de prestige, vais-je découvrir quelques pépites ?
Pour répondre à toutes ces questions, on se pare de revues spécialisées, on s’appelle entre potes, on cherche les prospectus. En bref, on est en chasse , on cherche le « coup de fusil ».
Avant de vous donner mon point de vue, j’aimerai revenir sur la genèse de ces foires. Ce concept de foire a été décliné aux vins sous l’impulsion de la grande distribution : et oui ! Tout prétexte est bon pour faire venir le client. L’offre, suivant les enseignes, s’est plus ou moins enrichie au fur et à mesures du temps jusqu’à atteindre l’âge d’or dans les années 2000 – 2010.
Depuis, la foire mute, de nouveaux acteurs entrent en scène via internet, les cavistes se posent des questions et commencent timidement à proposer des offres.
Aujourd’hui, en cette année particulière où l’on attendait beaucoup de cette foire en pépites, bons plans, accès à des vins de prestige (lié au contexte sanitaire :ralentissement de l’import-export, stocks à écouler en local): je trouve un bilan mitigé.
Les enseignes de la grande distribution me paraissent en retrait : moins de grands vins (ou restant inabordables), beaucoup de vins de copains à très bon prix à boire jeunes, offre plus restreinte sur les vins de garde apportant de la complexité avec le temps. Finalement, cela ne fait peut-être pas ou plus fidéliser le client ?
Les cavistes, toujours dans un position ambiguë sur ce concept : d’un côté la foire noie l’essence même du métier de caviste qui est de conseiller le bon vin au bon moment mais en même temps, c’est un indéniable manque à gagner. Du coup, cette année encore, les cavistes jouent timidement la foire en proposant quelques bouteilles, ce qui se comprend aisément : si je faisais ce métier, j’aurais un peu l’impression de vendre mon âme au diable…
Pour moi, les grands gagnants sont les acteurs du vin sur le net. Ils ont fait le choix d’orienter leurs offres en fonction des types de clients qu’ils veulent séduire. Résultat, des offres plus spécialisées, accès à des vieux millésimes, avec des pépites en prime. Petit bémol sur les prix qui sont légèrement moins intéressants que la grande distribution. Cerise sur le gâteau, ces mêmes acteurs proposent en parallèle les primeurs de Bordeaux 2019 à des tarifs en baisse par rapport aux années précédentes.
La foire aux vins évolue, les acteurs historiques cèdent la place petit à petit à des acteurs plus dynamiques, plus orientés client sur ce marché du vin qui reste toujours passionnant.
Est-ce que le bilan financier post-foire me donnera raison, est-ce que les acteurs historiques continueront de peser autant ? De quoi encore se perdre dans les chiffres…
Toujours est-il que pour un amateur, le plaisir sera toujours le leitmotiv, et ça, ça n’a pas de prix.
En guise de conclusion, je dirais seulement quelle foire mes amis !